75% des femmes développeraient au moins une fois dans leur vie une infection à Candida. La mycose vaginale est en effet très fréquente chez les femmes, et figure d'ailleurs dans la liste des effets secondaires fréquents (+ d'1 personne sur 10) de nombreuses pilules contraceptives.
La candidose chronique apparaît nettement plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes. Comment l'expliquer ?
De nombreuses études se sont penchés sur la prévalence des infections fongiques à Candida Albicans chez les femmes sous pilule contraceptive :
Université de Colombia (Contraception magazine), 1994 : les contraceptifs oraux favorisent la candidose vulvo-vaginale chronique.
Université du Michigan, 2006 : la pilule contraceptive double les risques de candidose (tandis que les spermicides triplent le risque).
Iranian red crescent medical journal, 2016 : la pilule combinée accroît le risque de candidose buccale.
Les œstrogènes naturels et synthétiques (ceux contenus dans la pilule) favoriseraient l'adhésion des champignons -espèces Candida- aux cellules de l'éphitelium. Dans un cycle naturel, ce phénomène apparaîtrait d'ailleurs plutôt en phase folliculaire sous dominance œstrogénique, mais moins en phase lutéale (dominance en progestérone). Les œstrogènes augmenteraient le glycogène au sein de la muqueuse vaginale, ce qui servirait de nourriture au Candida qui carbure au sucre !
Les lactobacilles de notre flore vaginale fabriquent eux aussi du glucose, qu'ils convertissent en acide lactique. Cette acidité crée un environnement propice au développement du Candida, qui prospère avec un PH de 5,5-6,8. Le PH vaginal change tout au long du cycle, avec une acidité plus prononcée après les règles, en phase folliculaire.
Conclusion : sous climat œstrogénique, le risque de développer une infection à Candida Albicans est plus élevé. Cette association n'a pas été retrouvée avec la progestérone, ni avec les progestatifs (la progestérone de synthèse contenue dans la pilule ou le stérilet).
La dominance œstrogénique induite par la pilule combinée favorise donc le développement des candidoses. Cela concerne aussi toutes les femmes sans contraceptif hormonal qui seraient en situation d'hyperoestrogénie (notamment en pré-ménopause).
Note : un manque d'œstrogènes pourrait aussi favoriser les infections vaginales, mais plutôt bactériennes dans ce cas. La glaire cervicale sécrétée sous l'effet des œstrogènes a des propriétés antibactériennes vis à vis de certaines souches (B.Subtilis notamment). La raréfaction de la glaire cervicale peut alors engendrer une dysbiose au sein de la flore vaginale, avec à terme, une vaginose bactérienne.
Solutions face à une candidose :
Médicales >> fongicides oraux et locaux, suivis de probiotiques (ils sont recommandés mais pas systématiques). Il existe d'ailleurs des probiotiques spécifiques pour la cavité buccale, comme pour la flore vaginale.
Naturelles >> rétablissement de l'équilibre oestro-progestatif (en dehors de la contraception hormonale), utilisation d'antifongiques naturels (extrait de pépin de pamplemousse, feuille d'olivier, sarriette, acide caprylique...), équilibre de l'alimentation et chasse aux sucres raffinés, soutien hépatique, soutien de l'immunité, micronutrition individualisée.
En cas de mycoses à répétition, il faut penser que le réservoir de l'infection est essentiellement intestinal : les femmes au transit irrégulier sont d'ailleurs plus souvent sujettes aux mycoses vulvaires. On s'occupera donc l'équilibre du microbiote intestinal et du transit, même s'il s'agit d'une mycose vulvaire.
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