Selon l’étude de 2017 de la journaliste Sabrina Debusquat sur 3616 femmes utilisatrices de la pilule, 53,6% ont reporté avoir pris du poids sous pilule. C’est le deuxième effet secondaire le plus fréquent après la baisse de la libido. Selon ce même sondage, une part beaucoup plus négligeable a remarqué avoir pris du poids à l’arrêt de la pilule : moins de 26,5% des femmes. Et 29,2% ont au contraire perdu du poids en arrêtant la pilule.
Quand une femme me demande si elle risque de prendre du poids à l’arrêt de la pilule, ma réponse est toujours la même : ça dépend !
Certaines hormones influencent notre poids et la répartition des graisses : c’est le cas du cortisol, de l’insuline, des hormones thyroïdiennes, mais aussi des hormones sexuelles. Voyons plus en détail la manière dont les hormones reproductives impactent notre poids.
Notre métabolisme est régit par les variations hormonales
Certaines hormones sont anabolisantes, elles poussent l’organisme à fabriquer du muscle, des tissus corporels, ou à stocker de l’énergie sous forme de glycogène ou de triglycérides. Parmi elles, la testostérone favorise la prise de masse musculaire, et les œstrogènes, vont eux plutôt favoriser la rétention d’eau et le stockage des graisses (surtout au niveau des fesses, cuisses et hanches).
La progestérone au contraire a un effet thermogène, elle augmente notre température corporelle basale, ce que remarquent très bien les femmes qui pratiquent la symptothermie. De ce fait, elle active notre métabolisme qui brûle d’avantage de calories.
Ainsi, notre métabolisme change selon notre imprégnation hormonale. Certaines femmes peuvent remarquer 1 ou 2 kilos de plus sur la balance autour de l’ovulation, et perdent généralement ces kilos au moment des règles.
Notre poids est donc tout comme nous, cyclique. Ce qui explique qu’il peut être plus constant sous contraceptif hormonal, puisque la production d’hormones est linéaire.
Progestérone, progestatif et appétit
La progestérone peut aussi provoquer des fringales en phase lutéale, le fameux « craving » juste avant les règles ! Notre corps est si intelligent qu’il réclame de la nourriture en prévision d’une éventuelle grossesse, suite à l’ovulation. Nos besoins énergétiques varient entre la phase folliculaire et la phase lutéale (post-ovulatoire), d’environ 100 kcal/jour.
Certains progestatifs de synthèse augmentent eux aussi notre appétit ce qui influence la prise de poids. C’est le cas notamment de l’acétate de médroxyprogestérone que l’on retrouve dans le contraceptif Depo-provera. Cette molécule est d’ailleurs parfois utilisée pour stimuler l’appétit en cas de cancer ! L’acétate de cyprotérone (pilule Diane) peut également accroître l’appétit.
Cette prise de poids est susceptible de s’installer durablement, puisque le progestatif est pris en continu (alors qu’une femme avec un cycle naturel sécrète de la progestérone environ 11-16 jours par cycle).
Pilule contraceptive et ralentissement du métabolisme
La pilule combinée (oestro-progestative) bloque la conversion de T4 en T3 à cause de l’oestradiol, ce qui peut induire des symptômes d’hypothyroïdie : prise de poids ou difficulté à en perdre. Ce ralentissement de la thyroïde peut aussi s’expliquer par les carences micronutritionnelles qui s’installent sous pilule : zinc, magnésium, vitamines du groupe B, sélénium. Lorsque la thyroïde ralentit, l’organisme entre en mode économie d’énergie et stocke d’avantage. Cet effet n’est pas contrebalancé par la progestérone naturelle que l’on sécrète dans un cycle sans pilule…
Malheureusement, de nombreuses hypothyroïdies s’installent durablement, d’autant plus que la pilule est prise sur plusieurs années. Le déséquilibre persiste souvent à l’arrêt de la pilule, si l’on ne solutionne pas le problème rapidement.
Et si la prise de poids était utile en post-pilule ?
Dans certains cas, la prise de poids peut être bénéfique en post-pilule pour relancer la production naturelle d’hormones, et retrouver un cycle régulier.
De nombreuses femmes prennent la pilule depuis de longues années et ignorent la manière dont fonctionne leur cycle au naturel. Il est normal qu’il s’écoule plusieurs mois à l’arrêt de la pilule avant de retrouver des menstruations régulières (jusqu’à 12 à 18 mois selon les cas). Parfois, elles ne reviennent pas du tout, et l’inquiétude s’installe.
Il faut savoir qu’un manque d’apports nutritionnels est l’une des causes les plus fréquentes d’aménorrhée hypothalamique. La pilule bloque la communication de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien, et le sous-poids va prolonger cet effet au-delà de l’arrêt de la pilule. Un poids inférieur de 10 à 15% par rapport au poids idéal suffit à perturber les cycles.
Par ailleurs, une masse grasse de 17% minimum est nécessaire chez la femme au déclenchement de la puberté selon une étude de 1974.
Les femmes sportives ayant un faible pourcentage de masse grasse connaissent plus de perturbations du cycle que les femmes sédentaires.
Il y a donc un lien avéré entre notre tissu adipeux et notre cycle menstruel : les œstrogènes sont en effet produits en partie par notre graisse. Le noyau central de nos hormones sexuelles étant le cholestérol, il est dangereux de suivre un régime pauvre en matières grasses, ce qui est malheureusement le cas de nombreuses femmes… Les glucides et protéines sont eux aussi extrêmement importants pour l’équilibre menstruel (le manque de glucide interrompt les sécrétions pulsatiles de LH, hormone lutéinisante).
N’hésitez-pas à me contacter si vous avez besoin d’être accompagnée dans votre transition post-pilule, je vous aide à arrêter sereinement la pilule, et à retrouver des cycles réguliers à l’arrêt de celle-ci.
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